Le 28 juin 2022

La CNCE participe à un colloque sur l'adaptation au changement climatique

La présidente du COMITE 21, Bettina Laville, a rappelé les différentes actions du Comité 21 et ses publications (Lien vers leur site) pour promouvoir rapidement et simultanément avec l’ensemble des parties prenantes l’adaptation au changement climatique et les mesures d’atténuation des incidences du changement climatique.

FRANCE STRATEGIE a présenté sa note « Réseaux et interdépendance », en soulignant l’absence dans les textes actuels de la prise en compte de cette interdépendance (notamment entre les réseaux électriques et ceux de télécommunications), et leur vulnérabilité actuelle lors des turbulences climatiques. France Stratégie veut créer une instance nationale chargée de cette question dotée de feuilles de route pour réduire cette vulnérabilité et annonce deux textes en préparation au niveau de l’État sur ces sujets.

ENEDIS, conscient de ces vulnérabilités, a engagé une réflexion et des actions avec les experts du changement climatique pour examiner l’ensemble des vulnérabilités de ses réseaux et de leurs liens avec les réseaux de télécommunications, avec l’objectif de rétablir 98% des réseaux touchés en moins de 48h. Ces réflexions portent notamment sur la scénarisation des impacts qui devrait conduire Enedis à proposer une évolution de la réglementation et des périodes d’intervention (par exemple, en raison de l’augmentation des températures estivales, l’intervention sur les réseaux l’été devra être progressivement transférée en demi-saisons).

ORANGE rappelle l’importance des risques sur ses réseaux (y compris data centers et câbles sous-marins) dimensionnés avant la prise en compte du changement climatique. Actuellement, 15 millions d’interventions par an sont effectuées. L’analyse des risques sur ces réseaux, très dépendants de l’électricité, est engagée avec la Société Carbone 4. Cette analyse inclut celle des pannes sur les groupes électrogènes et celle de la disponibilité des métaux nécessaires aux smartphones.

BOUYGUES CONSTRUCTION affirme avoir engagé à l’international un énorme travail de sensibilisation au changement climatique et à l’environnement auprès de ses collaborateurs (60 000) et de ses clients, en même temps que la transition digitale. Ses composantes portent sur les matériaux de construction (notamment le béton bas carbone), la conception des bâtiments, leur évolution et leur réversibilité pour assurer leur durabilité, la prise en compte des risques notamment climatiques et de l’énergie, ainsi que l’économie circulaire.

Le CEREMA est devenu récemment un établissement public à la fois national et local à disposition des services de l’État et des collectivités dans le domaine de l’ingénierie, notamment en matière d’infrastructures et de réseaux. La priorité est passée progressivement des travaux neufs à la gestion patrimoniale et à l’entretien en intégrant la résilience.

FRANCE ASSUREURS est le Syndicat Professionnel de l’assurance, dont l’un de ses objectifs est l’association de la Société pour plus de confiance. Chaque année, plus de 3 millions de sinistres sont assurés. D’ici 2050, le coût de l’assurance des sinistres va doubler, dont un tiers sera dû au changement climatique. France Assureurs souhaite le maintien des dispositions réglementaires actuelles en matière de couverture des catastrophes naturelles avec le fonds Barnier. Il rappelle qu’actuellement 24 000 communes sont exposées à des risques naturels ; mais seulement 12 000 sont dotées de plans communaux de sauvegarde.

VEOLIA affirme que le changement climatique n’est plus une prévision mais existe déjà depuis au moins une décennie. L’adaptation du secteur de l’eau est essentielle : il est crucial dans plusieurs pays compte tenu de la faiblesse croissante de la ressource notamment en période estivale. 20 départements en France sont en stress hydrique une partie de l’année. La réutilisation des eaux usées est la seule solution qui peut et doit être développée ; elle couvre déjà 90% des besoins en Israël.

L’INRAE rappelle qu’au niveau international 70% de l ‘agriculture utilise l’eau (50% en France). 40% des productions mondiales sont irriguées. Toutes les activités agricoles devront être transformées face au changement climatique, aussi bien pour s’y adapter que pour l’atténuer ; des évolutions importantes devront porter sur les espèces et sur les semences, mais aussi sur les réglementations. Les études devront concerner l’ensemble des consommations d’eau, y compris pour la production agricole importée.

Christian de Perthuis, économiste du climat depuis 2003, pointe le retard de la France pour la prise en compte du changement climatique, l’adaptation devant être traitée conjointement avec l’atténuation. Le Carbone « vivant » dans les sols, l’agriculture et les forêts est à l’origine de 40% des émissions des gaz à effet de serre ; ce secteur doit faire l’objet d’une transformation majeure, notamment pour être plus résilient. Il rappelle que la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) a retenu un objectif de réduction de 40% des émissions de GES en 2030 par rapport à 1990, alors que l’objectif au niveau de l’Europe est actuellement une réduction de 55% ; la SNBC doit donc être actualisée. Les nouvelles projections climatiques de référence sont maintenant disponibles (DRIAS 2020 Météo France). Les évolutions à conduire devront associer les citoyens notamment pour déterminer les contributions et redistributions. Il conviendra de ne pas oublier de traiter les perspectives post 2050 qui paraissent très inquiétantes.

En conclusion, Madame Bettina Laville a affirmé vouloir développer l’action du Comité 21 pour associer davantage l’ensemble des parties prenantes, condition nécessaire à la prise en compte réelle du changement climatique par chacune d’elles.

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Le COMITE 21 est le Comité français pour l'environnement et le développement durable, qui vise à accompagner les organisations dans la mise en place du développement durable. Créé en 1995, il regroupe à la fois des collectivités locales, des entreprises, des associations, des établissements d'enseignements supérieurs et des citoyens. Il propose des services pour :

  •  Anticiper les mutations qu’elles soient environnementales, technologiques, démographiques ou réglementaires (veille, décryptage, analyses des tendances) ;
  • Accompagner les acteurs pour les aider à adopter des démarches « proactives » face aux mutations (parcours d'accompagnement, formations, boite à outils) ;
  • Transformer la société, à travers une série de propositions qui conjuguent le réalisme et la recherche du progrès économique, social et environnemental (think tank, réseau d'experts).